J'ai toujours pensé que l'Autre Monde s'allumait lorsque s'éteignait le jour.
La nuit je mens,
Je me faufile sur les toits aussitôt le soleil disparu, chat perdu entre les gouttières qui ne m'appartiennent pas. Je saute et je vis, je tombe et je vole même, parfois.
La nuit, tu mens,
Toi, le visage anonyme au sourire un peu écorché, mais qui remarque les choses que personne ne voit. Toi le héros ou le voyou, le bâtard ou le saint. Toi qui profite des ombres pour remplacer l'astre que tu ne connais pas.
La nuit, ils mentent,
Tous ces gens autour de moi qui prétendent être ce qu'ils ne sont pas, qui reviendront à leur vie normale, un peu bancale, quand l'aube viendra. Tous ces gens qui rient ou qui s'abîment, qui dansent un pied au bord du vide, les masques qu'ils enfilent, les identités apprivoisées pas à pas, dont les coeurs se ralentiront lorsque le soleil se lèvera.
La nuit, elle, ment,
Nous transforme tous en pantins désarticulés, incapables de fonctionner et pourtant c'est la nuit, oui, c'est la nuit que je me sens le plus vivant, comme si j'allais imploser, avalant le soleil que j'ai trop supporté, le sommeil envolé.